Des bribes d'intimité mêlées à une extension du propos, des instantanés pris sur le vif, des portes d'entrées multiples aux chansons (Avec nous, morceau qui risque de joliment embarquer le public en concert). Jamais enfermé dans la redite, Trois cafés gourmands invite à larguer les amarres (Le pari), convoque la nostalgie scolaire et buissonnière (Les mots volent, fin d'un triptyque dans lequel figuraient Les mots sombres et Les mots tristes sur les deux albums précédents), contrebalance par le rythme de la valse le sujet lourd des agressions sexuelles (La balle au prisonnier), affirme sa croyance de l'amitié envers et contre tout (La promesse), marche dans les mots de Barcella pour évoquer les « extraordinaires », ceux qui se distinguent par leur différence (La vie est fragile). Il y a encore ce tableau, qui fait la part belle aux éléments naturels, dessiné à la suite d'une session de travail au Cap Ferret (Les mimosas). Certainement marqué par sa trajectoire si singulière, Trois cafés gourmands semble aussi s'agripper telle une obsession à la projection du futur et à la mécanique du hasard (Libre choix, La belle histoire). Que ces trois-là se rassurent : le destin n'est jamais un voyou lorsqu'on a, comme eux, le goût des autres.